Du 17 au 21 mars 2025, c’est la semaine de la prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles.
À l'automne dernier, j'ai pu assister à une présentation auquel des chercheurs de l’étude COMPASS-Québec mettaient en évidence un fait troublant : un jeune sur six a déclaré avoir été victime d’intimidation au cours du dernier mois. Cette violence se produit principalement dans les interactions sociales en personne.
Mais comment améliorer les interactions sociales des élèves?
Voici une solution qui fonctionne et qui est accessible à tous, quel que soit votre milieu scolaire : leur faire vivre des activités en groupe.
En développant leurs habiletés sociales, leurs stratégies de résolution de problèmes, leur gestion des conflits, leur expression et régulation des émotions, et ce, dans des contextes réels, nous favorisons la réduction de comportements empreinte de violence chez nos enfants.
Certains programmes existent et sont vécus en groupes classes, sous la forme d'ateliers en sous-groupe d’élèves vivant les mêmes problématiques ou encore lors d'activités parascolaires, pendant l’heure du midi ou après l’école.
Aujourd’hui, je pousse l’exercice un peu plus loin ! Je veux vous parler des activités vécues en groupe dans un contexte d'éducation en plein air (ÉPA) et d'intervention par la nature et l'aventure (INA).
Eh oui, ces modalités sont de plus en plus utilisées dans les écoles du Québec, et même appuyées par la recherche scientifique !
Il demeure que ces initiatives sont souvent portées que par quelques individus seulement. D'ailleurs, la Chaire de recherche sur l'Éducation en plein air (CRÉPA) de L'Université de Sherbrooke s'est penchée sur la question dans le cadre d'une recherche-action ces deux dernières années (laquelle je faisais partie). Je vous en parlerai davantage dans un prochain blogue !
Qu’est-ce qui pousse les adultes à organiser des activités de groupe en plein air pour leurs élèves ?
Au cours du dernier mois, j’ai consulté des éducateurs spécialisés, des professionnels (psychoéducatrices, travailleurs sociaux) et des directeurs d’école qui utilisent l’éducation et l’intervention en plein air, en contexte de groupe, dans le cadre de leur mandat. Ces adultes interviennent auprès d’élèves présentant diverses difficultés, que ce soit sur les plans académique ou social, et présentent bien souvent des problèmes de motivation ou d’engagement scolaire.
Voici ce qu’ils m’ont répondu lorsque je les ai interrogés sur leurs motivations :
Développer les compétences des élèves pour augmenter leurs comportements pro-sociaux
Je suis certaine que nous sommes d’accord sur le fait qu’ils ont des motivations remarquablement nobles et louables ! Vous verrez qu’elles contiennent des éléments clés : les changements, les succès, la connaissance de soi, la confiance, le bien-être en contact avec la nature, la valorisation de l’école, la liberté, le sens donné aux apprentissages, la motivation et l’engagement.
Pour amener ces changements chez nos jeunes, il faut enseigner, développer et renforcir leurs capacités adaptatives et leurs compétences socio-émotionnelles. Cela peut se faire dans le cadre d’activités de plein air, à proximité du milieu scolaire!
Exemple 1 : Développer la conscience de soi et l'empathie
Un jeune qui apprend à maîtriser son anxiété et ses émotions sera plus enclin à s’ouvrir à de nouvelles expériences, à faire confiance aux adultes et à soutenir ses camarades de classe lorsqu’ils font face aux mêmes défis.
Par exemple, la gestion du stress peut être travaillée devant la nouveauté et la menace à l’ego que propose une activité extérieure en raquette à neige. En proposant des défis adaptés à l’évaluation des compétences et des capacités des élèves, l’intervenant pourra développer leurs capacités dans un contexte réel et les sensibiliser aux éléments du stress (SPIN/CINÉ).
Exemple 2 : Cultiver la reconnaissance des forces individuelles et collectives, ainsi que l’accomplissement d’un défi en équipe.
Un adolescent ayant une meilleure estime de lui-même et qui dépendra moins de la validation des autres sera plus enclin à mettre en évidence les succès de ses camarades de classe plutôt que de les dénigrer pour se valoriser.
Par exemple, en planifiant une randonnée dans un parc naturel, les élèves pourraient être encouragés à prendre en charge leur préparation et leur expédition. Ils pourraient s’occuper de la préparation des repas du séjour, de la confection d’un sac à dos de groupe et du choix de l’itinéraire de randonnée. En partageant des rôles et des responsabilités selon leurs forces, ils apprendront à se connaitre, à partager et à collaborer.
Exemple 3 : Favoriser le développement de la santé physique, diminuer la sédentarité et proposer d’autres contextes d’apprentissage aux élèves.
Un enfant ayant des problèmes de concentration et d’hyperactivité sera plus calme et plus réceptif à l’apprentissage après avoir libéré son énergie à l’extérieur, ce qui lui permettra de bouger et d’être actif.
Par exemple, l’intervenant pourrait tirer profit du terrain de l’école et de l’ombre d’un arbre pour réactiver les connaissances acquises en classe lors d’un parcours-rallye.
Les activités extérieures en groupe peuvent-elles réduire les facteurs de risque d’intimidation et de violence à l’école ?
Voici ce que mon expertise clinique et la recherche empirique rapportent sur l'impact de l'utilisation de cette modalité d'intervention auprès de nos jeunes à l'école:
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Permettent aux élèves d'augmenter leurs interactions sociales et de leur proposer d'autres contextes qui favorisent encore plus leurs échanges et leur communication interpersonnelle.
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Offrent la chance aux intervenants de découvrir chez nos élèves des talents et des compétences insoupçonnés, ce qui permet de les relier plus tard en classe et de mettre en évidence leurs connaissances.
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Permettent aux élèves de partager des rôles et des responsabilités à l'individuel, en dyade ou en sous-groupe, les initiant ainsi à la collaboration et au travail d'équipe.
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Permettent aux élèves de voir les adultes dans d'autres contextes, permettant de créer des liens sociaux différents et développer une relation de confiance.
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Permettent aux intervenants de favoriser le sentiment d’appartenance entre les élèves et entre les élèves et les adultes, et entre les adultes.
Le programme Réinspire, vécu en contexte scolaire a été créé principalement dans le but d'améliorer les relations sociales positives entres élèves, avec les adultes?
Le programme aborde plusieurs des enjeux vécus par nos jeunes, notamment le stress et l’anxiété, la connaissance de soi, la confiance en soi et en autrui, la communication interpersonnelle, les stratégies de résolution de problème, les capacités adaptatives.
On peut qualifier ce programme, dans le jargon de la santé publique, d’action intégrée.
Les actions intégrées en milieux scolaire
Le CIUSSCN travaille actuellement sur une définition qui n’est pas encore finalisée, mais qu’on peut résumer ainsi, en date d’aujourd’hui : « Combinaison d’actions cohérentes et continues qui travaillent des compétences communes afin d’augmenter la portée des résultats. »
Le référent ÉKIP en est un bon exemple. Je vous invite à le consulter si ce n'est pas déjà fait !
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